Je crée.
Je ne me sens pas complète quand je ne suis pas en train de créer quelque chose.
Quand j’étais enfant, j’aimais dessiner. Dessiner, peindre, et essayer tous les crayons et toutes les couleurs.
Mon activité préférée, c’est mon papa qui l’avait inventée. Nous mettions des crayons de cire dans un pot de pilules vide et je les regardais fondre dans le four. Quand c’était bien fondu, nous avions créé un petit objet étrange et coloré qui me suivait partout pendant des semaines.
Je faisais des figurines et des bijoux avec de la pâte à modeler. Il y en avait partout chez nous. Tout le monde qui me connaissait les portait fièrement. Je me demande s’ils les portaient même une fois arrivés au travail. Je sais que ma maman, oui.
Je cousais. Des coussins, des animaux en peluche qui n’avaient pas tout à fait de la bonne forme, et des sacs avec des trous.
Je faisais des bracelets d’amitié et j’étais envieuse des enfants qui pouvaient en faire des compliqués. Un jour, je suis devenue cet enfant.
Ma maman m’a montré le crochet. J’ai fait des chaînes très, très longues. Éventuellement, j’ai aussi fait des fleurs.
J’ai joué beaucoup de musique : du piano, du violon, de la flûte, toutes les percussions, mais surtout, du violoncelle. Je créais une musique qui venait de loin, au fond de moi.
Quand j’étais adolescente, j’aimais toujours dessiner. Je dessinais toute la journée à l’école. Plus il y avait de couleurs, plus j’étais heureuse.
J’aimais faire des bijoux, particulièrement des colliers en macramé. J’en portais trois à tous les jours.
Je portais aussi les vêtements que je faisais. Je pouvais coudre une jolie camisole en cinq minutes. Et ensuite, je dessinais dessus.
J’ai beaucoup écris. De la poésie, des petites histoires, des chansons. J’aime toujours écrire, ça me rend heureuse.
J’ai commencé à faire des sites Web. C’était en 1996, le Web était désert. J’ai découvert qu’il y a beaucoup de poésie cachée dans le code.
J’ai continué de jouer du violoncelle. J’ai pris des cours de poterie, et de danse. J’ai pris aussi des cours de photographie et j’en suis tombée amoureuse.
Je me suis demandé quelle carrière choisir. Je voulais créer. Je voulais vivre de ma passion.
Ma passion, c’était de créer, mais je ne connaissais pas encore la façon qui me rendrait heureuse, jour après jour après jour.
J’avais 17 ans et je devais faire un choix. J’ai conclus que la programmation était un choix sûr. C’était un bon choix.
J’ai étudié pendant trois ans et j’ai travaillé dans ce domaine pendant plus de 15 ans, en tant que pigiste durant presque tout ce temps.
En étant mon propre patron, j’avais du temps pour continuer à chercher ma passion, tout en ayant assez d’argent pour mes humbles besoins.
Quand j’étais une jeune adulte, j’ai beaucoup paint. J’ai lu plusieurs livres sur le dessin et la peinture. J’adore ça, mais mon talent est bien limité !
J’ai appris la guitare basse et j’ai chanté avec mes amis musiciens. Je suis meilleure autour d’un feu de camp que sur une scène.
J’ai essayé de vendre les peluches que je cousais. La vérité, c’est que je déteste la couture.
J’ai créé beaucoup de bijoux. J’ai eu un certain enthousiasme, mais je n’aimais pas les objets que je créais.
J’ai pris des contrats de photographie. J’ai aimé ça. J’ai pensé en faire une carrière, mais j’avais peur de sauter dans le vide.
Puis, j’ai redécouvert le crochet et il y a eu une étincelle.
J’ai rapidement commencé à faire mes propre patrons et il y a eu une autre étincelle.
J’ai pris des aiguilles à tricoter, et dès que j’ai complété ma première écharpe, il y a eu une troisième étincelle.
En 2012, j’ai commencé à créer des patrons de tricot, en me demandant si ça pouvait être la carrière idéale.
Je me rappelle avoir dit à ma mère que ce l’était.
Je me rappelle y avoir cru, et ma mère a cru en moi.
J’ai continué de faire des sites Web, tout en essayant des créer des beaux patrons. Je n’avais pas assez de temps pour faire les deux. C’était frustrant. Je n’arrivais pas à donner une vraie chance à ma carrière de designer, et je ne travaillais pas assez. La plus grande partie de mon temps, je procrastinais, plutôt que de travailler sur l’un ou l’autre.
Puis, j’ai créé des bébés.
La passion que j’éprouve pour eux excède toutes les étincelles que j’ai eues dans ma vie. Je les adore. Je veux être avec eux toute la journée, tous les jours. Nous dormons ensemble, je les allaite longtemps, je fais du portage jusqu’à ce que tout le monde me dise d’arrêter de blesser mon corps. Mon activité préférée – et de loin ! – c’est de les serrer contre moi. J’écris d’ailleurs ce texte avec mon bébé endormi dans mes bras.
Le fait d’avoir donné naissance à ces deux êtres merveilleux m’a donné envie d’aller plus loin sur mon propre chemin. Ils m’ont rendue encore plus passionnée par la création de patrons de tricot. Je n’ai plus peur de sauter dans le vide. Je n’ai rien à perdre s’ils sont avec moi.
J’ai dit au revoir à presque tous mes anciens clients. J’ai gardé mes deux préférées, qui sont si gentilles et qui ne me demandent pas de travailler beaucoup. Ma famille vit simplement, nous n’avons besoin de rien. Nous n’achetons pas grand chose, mais j’aime bien avoir un petit revenu sûr pour acheter à manger. Et de la laine, évidemment.
C’est là que j’en suis.
J’ai trouvé ma passion et mon métier de rêve.
Je garde mes enfants à la maison avec moi. Je fait fonctionner mon horaire.
Je pense à des nouvelles idées de patrons quand je les mets au lit. Je travaille quand ils dorment. Je tricote quand ils jouent.
Je suis heureuse. Je me suis trouvée. Et je crée.